Mon résumé
Elisa quitte tout, dont son amoureux, suite au décès de sa grand'mère tant aimée. Elle investit la maison plein de souvenirs de celle-ci et renoue avec elle à travers un manuscrit qu'elle lui a laissé. Sa Grand'mère était le dernier membre de sa famille et Elisa ne sait plus comment aimer quand tous les êtres qui lui sont les plus chers sont partis. Nous entrons à travers le manuscrit dans la vie de la grand'mère, Jeanne, de sa vie de jeune fille à la campagne, écrasée par les conventions, la religion, un père brutal et une mère transparente. Jeanne ne trouve de joie qu'auprès de sa petite sœur Marthe, une enfant faible et à l'esprit lent, jusqu'à ce qu'elle rencontre Eugénie. Eugénie, jeune fille de la ville, libre, fantasque et rêveuse, essaie d'entraîner Jeanne dans son sillage, mais celle-ci s'accroche à sa vie sombre pour Marthe. Jeanne tombera amoureuse du frère d'Eugénie, Marius, et tombera enceinte de lui. Mais, avant qu'elle ne le découvre, le vil curé du village la fait envoyer en asile de fous, au motif qu'elle a refusé d'épouser Fernand le placide fils du voisin, et surtout qu'elle s'est refusée à lui. A sa sortie, au lieu d'accepter l'avenir joyeux et amoureux que lui propose Marius, elle s'en retourne auprès de Marthe, et consent à épouser Fernand, qui accepte son enfant Louis comme le sien. Jeanne trouvera finalement le bonheur auprès de Fernand. Leur fils Louis est le père d'Elisa, mort prématurément, alors que sa mère s'est envolée. A la fin de la lecture du manuscrit de Jeanne, Elisa comprend qu'elle doit retrouver son amoureux Bastien. Elle rencontre également Marius, qui a toujours aimé Jeanne et qui a perdu sa chance de la revoir. Elle ne lui dira jamais qu'il est son grand'père, mais créera avec lui et sa famille un lien fort.
Appréciation générale
En une phrase : J'ai beaucoup aimé l'histoire et les surprises qu'elle m'a faites. J'ai cru au départ entrer dans un roman sur les années folles, je m'attendais à suivre Jeanne à Paris dans les cabarets. Je me sentais en terrain connu et reconnu : la belle fille pleine de vie coincée dans les marais et l'obscurantisme avec un entourage pourri et mauvais, les flonflons au loin de la fête de cette époque, j'étais partie pour l'épopée formidable mais quelque peu convenue d'une féministe des années 30. Cette histoire là c'est celle, esquissée à la fin, d'Eugénie.
Mais Jeanne est bien plus complexe que cela. Elle prend sa liberté à travers de petites touches, en subtilité mais avec détermination. Elle nous rappelle ainsi que la liberté est intérieure avant tout. J'ai aimé la façon dont elle oscille entre le rêve et sa réalité, je l'ai suivie dans ses atermoiements en la comprenant, en comprenant, de façon plus générale, ce qui peut clouer dans une situation négative, des êtres qui cherchent pourtant le bonheur. Sa petite sœur, Marthe, est à la fois l'ange qui ouvre l'esprit et le démon qui contraint à l'immobilité, tantôt douce et joueuse, tantôt dure et cruelle, son handicap mental est décrit sans complaisance excessive. Marthe a le droit dans cette histoire d'être ce qu'elle est, sans sombrer dans aucun cliché, et sa sœur l'aime avec toutes ses facettes. Jeanne fait part de certaines de ses pensées fugaces, violentes et méchantes, contre sa sœur, contre le fantôme de son frère décédé, c'est tellement humain, cela sonne très juste et donne du relief à sa personnalité.
Marius dont Jeanne tombe amoureuse est l'homme parfait, il est les papillons dans le ventre et les étoiles plein les yeux, mais Jeanne choisit une autre voie, à raison finalement, car loin de l'uniforme impeccable et de la belle gueule qui allait forcément finir par dévoiler ses défauts, elle va trouver en Fernand l'amour tendre, simple et constant qui lui apportera la sérénité. A travers son récit, Elisa sa petite fille découvre la résilience et ce qu'est l'amour profond dans l 'apaisement. Elle ne dit jamais à Marius qu'il est son grand père, pourtant un tel secret doit brûler les lèvres, d'autant qu'elle a tant besoin d'une famille. Elle fait le choix du silence, peut-être pour épargner les regrets, peut-être pour ménager Marius, ou pour laisser cette relation nouvelle se vivre en toute paix. Quoi qu'il en soit, cela évite à mon sens à la fin de l'histoire un coté happy end trop tonitruant qui aurait pu gâcher la subtilité donnée à ces destins. C'est un conte sur une vie en apparence simple et sur ce qu'elle renferme d'exceptionnel.
Ce que j'ai particulièrement apprécié :
Cette histoire sonne très juste, la finesse des personnages, leurs errements, leurs doutes et leurs diverses facettes, les rend fascinants et surprenants.
Autres commentaires
Style littéraire :
Une écriture au début un peu ampoulée, je ne sais pas si je m'y suis habituée ou si le style s'est assagi au cours du récit.
Mon sentiment sur le titre du livre :
Très joli, il rend hommage à Marthe et à ce qu'elle représente aux yeux de Jeanne et de façon générale à "la morale" de l'histoire.
Ce que je pense des personnages :
Fins, complexes, sans complaisance. Il n'y a pas de faux héros, même les personnages négatifs peuvent inspirer l'empathie, tout comme les positifs peuvent décevoir.
Ce que je pense du thème général du livre :
On garde généralement de cette époque les clichés évoqués au départ, les années folles, les coupes garçonnes, Coco Chanel et les femmes qui s'émancipent, mais l'histoire raconte ce qui en est éloigné, c'est un point de vue autre, intéressant.
Ce livre ferait-il un bon film ? :
Oui
Evaluation par EmilieLaboucle
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Je me suis laissée emportée facilement par les personnages - je n'ai pas pu referme...