Premier Chapitre
ELLEIl est 10 h 25 quand l’Intercité entre en gare.
Comme à mon habitude, j’y accède de justesse. Pourtant, je démarre avec une large avance. La peur des imprévus, mon excessive prudence, une phobie occultée ou un flegme emblématique, je n’en sais rien. Toujours est-il que les retards me dérangent. Je déteste les lignes fermées pour cause de travaux, les accidents sur la voie ou les colis suspects qui ralentissent. Et il y a aussi ces interminables couloirs qui permettent de joindre une ligne à l’autre ; les correspondances, je déteste les longues correspondances. Je traine les pieds, je ne parviens pas à marcher rapidement et encore moins à courir. Je regarde la foule me dépasser et je ne comprends pas comment ils réussissent à faire ça ; à se hâter, à tout faire pour attraper un métro sur le point de partir. Moi, il m’arrive de voir la porte se refermer sous mon nez alors que je ne suis qu’à un mètre de l’aboutissement. Mais ça m’énerve d’être si pressée. Je manque celui-là, j’en prends un autre, le suivant, c’est tout. Je laisse la circulation se faire, à sa guise, je n’aime pas courir, c’est pour ça que je ne pars pas à point, je sors toujours très en avance.
À la gare Saint-Lazare, j’arrive trois quarts d’heure à l’avance. Je sais que pour parcourir le trajet entre Cour Saint-Émilion et Saint-Lazare, il ne faut pas plus de quinze à vingt minutes, je me donne une heure.
Quand je monte le deuxième escalator qui mène sur les quais des lignes normandes, je suis largement en avance. Le train n’est pas encore stationné, l’affichage est effectif et aucun retard n’est prévu. Mon billet électronique n’a pas besoin d’être poinçonné, je vérifie juste qu’il est bien inscrit sur mon portable et que je ne me suis pas trompée d’heure ni de destination lors de l’achat. Je me dirige vers un stand de vente où je craque pour un pain aux raisins et un double expresso. Je me cherche une place un peu en retrait des tableaux d’affichage pour éviter la foule, je m’y installe, me plonge dans la lecture de mon livre de poche. J’ai encore trente minutes avant l’entrée en gare du train et l’effet diurétique du café sur mon organisme ne m’inquiète pas, car j’ai le temps de vider ma vessie.
Quelques minutes plus tard, je suis déjà dans la file d’attente des toilettes. Elles sont payantes dans cette gare, elles sont régulièrement nettoyées et restent propres. À mon tour de me diriger vers une porte, je choisis celle d’où vient de ressortir la femme de ménage. Je saisis cette chance d’être la première à passer après elle. Ensuite, je réajuste mon maquillage devant les grands miroirs, et je n’omets pas d’appuyer sur l’icône avec le large sourire de l’appareil à collecte d’opinions. Très satisfaite.
Il reste encore une demi-heure avant le départ du train. Je reprends la direction de ma place assise avec l’intention manifeste de retourner à ma lecture. C’est sur ce court trajet que je m’égare. Je ne résiste pas à ça.
Lorsque soudain l’annonce du départ imminent de mon train me parvient, je file à toute allure. Je m’élance dans une course effrénée pour revenir aux quais et, de justesse, je réussis à me faufiler dans la première voiture. Essoufflée, je tente de reprendre ma respiration. Encore ébaubie, je me demande ce qui vient de se passer, et pourquoi j’ai failli rater ce train. Je suis néanmoins ravie d’être cette fois-ci du bon côté de la portière. Je m’installe. Une fois mes esprits recouvrés, je me rends compte que je n’aurai jamais dû regarder ces vitrines. Mais j’ai vu cette pancarte placée juste sous mon nez, il y était écrit en grosses lettres « soldes ». Je ne sais pas résister.
Lorsque je suis entrée dans le premier magasin, j’avais conscience du peu de temps dont je disposais. En avançant vers le deuxième, mon esprit était encore assez clair quant à ma disponibilité. Dans le troisième, aux rayons cosmétiques, je me suis laissée aller aux fragrances des grands parfumeurs, aux finis satinés des rouges à lèvres. Et, au milieu des sous-vêtements, des nuisettes, des maillots de bain… je me suis égarée, ma lucidité est devenue évanescente.
Dans mon monde d’hystérique au shopping, j’ai cru à ma capacité surnaturelle de transmuer trente minutes en une éternité. J’ai perdu de vue que j’étais à la gare Saint-Lazare, que mes pouvoirs ici ne marchent pas, parce que les trains finissent par partir.
LUI
Au travail, tous les collègues sont agglutinés devant la machine à café. Je ne bois pas de café, j’en exècre jusqu’à l’odeur. Mais ma collaboratrice va m’en proposer une tasse, manifestement, et avec ce même sourire de complicité.
Paula est une femme au corps efflanqué et au visage charnue. Son attitude est étrange et cette dichotomie entre sa morphologie et son visage est si prononcée que je la trouve bizarre, pas assez normale pour être naturelle.
Le jour où mon prédécesseur me la présente comme l’adjointe au poste, je crois l’avoir entendue faire une réflexion dont je n’ai jamais su décrypter le sens. Depuis, elle m’intrigue. Elle parade avec un air de malice qui m’emmène à vouloir deviner ce qu’elle cache. Son corps si svelte et son visage aussi joufflu envoient des signaux différents chaque fois qu’elle me sourit, et j’y vois diverses évocations, tantôt de la rouerie, tantôt de la sympathie.
Tous les matins de chaque jour de la semaine, ma collaboratrice s’entête à me proposer une tasse de café que je m’évertue à décliner avec le même acharnement. Dans un premier temps, je prends son attitude pour de l’obstination, chose qui ne m’amusait en aucune façon et qui m’irritait. J’ignorais ce qu’elle cherchait et ce qu’elle voulait tirer de cette insistance qui devenait à mes yeux, plus qu’une bravade, déjà de l’inconvenance, et très proche de l’impolitesse.
Pourtant, dès le départ, afin d’éviter tout malentendu et ne jamais aborder le sujet de ce breuvage, je m’étais montré très explicite. Sa première proposition faite, j’avais clairement répondu que je n’aimais pas le café, que je n’en buvais jamais. Comment avait-elle pu ne pas intégrer cette information ? Et elle venait sans cesse à moi, avec cette tasse dans la main, ce sourit énervant, et je ne comprenais pas. De mes regards étonnés, mon agacement, mon air exaspéré, sérieux, hautain et même de ma mine furibonde, Paula se moquait.
Un jour, je lui pose la question au sujet de l’affaire de son café que je refuse de boire, et elle me dit : « Ce sera le café ».
« Quoi ? » Paula avait tourné les talons.
Un jeudi matin, il y a deux ans de cela, toutes les trois machines de la société étaient en panne. Paula vint dans mon bureau me signifier son déplacement vers la boulangerie d’en face. De retour après quelques minutes, elle tenait deux tasses de café dans les mains, dont une m’était destinée. Avec toute l’incompréhension capable de s’exprimer à travers mon regard, je l’ai dévisagée, décrété folle et irrécupérable.
Je m’étais toujours dit qu’elle avait un grain, quelque chose qui clochait, mais définitivement, c’était pire. Dans son cerveau, il y avait une case défectueuse qui certainement, l’empêchait d’assimiler mon propos. Alors après cette scène, j’ai arrêté de m’agacer et j’ai décidé d’ignorer sa stupidité, au profit de son travail pour lequel elle est très douée. Face à sa tasse de café, j’affichais une totale indifférence. De ce fait, elle rectifia le tir. Au démarrage d’une longue journée, de nouveau avec sa tasse en main, Paula me dit : « Alors on garde ça ? » Mais dans mon regard dubitatif, elle pouvait lire que loin de comprendre la signification de son propos, j’étais assez réticent pour ne pas en chercher le sens ; elle ajouta : « Notre truc à nous, le truc du café ». Et ce fut à cet instant que je pris conscience de tout ce cinéma.
Paula m’explique par la suite à quel point il lui importe d’instaurer avec ses collaborateurs un rituel capable de diminuer les effets du stress, de lever d’une certaine façon, les barrières hiérarchiques. Avec chacun des collègues qu’elle apprécie, elle institue cette forme de règle de cohabitation qui à force, se mue en une légère distraction qui fait sourire tout le monde.
Bien ! Si elle veut !
Ainsi, je découvre qu’elle m’affectionne et puisque c’est le cas, je m’adonne à son amusement. Moi qui aime si peu jouer !
De là, nous sommes passés au rire. Je ne réponds plus à Paula quand elle joue, je ne la dévisage plus avec cet air suspicieux, j’accepte sa lubie, je la laisse se distraire. Je ne crois plus tout à fait à la théorie sur sa déficience mentale, quoique de légers soupçons subsistent, car mon cerveau ne parvient toujours pas à identifier quel plaisir elle tire de ce gaspillage quotidien. Mais bon !
Aujourd’hui, notre rituel est installé. Et lorsque Paula ne se présente pas avec sa tasse de gâchis de café, je vais dans le sien et je réclame mon dû. « Ma tasse de café est sur mon bureau Paula ? »
Elle pouffe de rire, sort me chercher mon breuvage, nous démarrons de cette façon nos journées de travail. Jérémy, son assistant, continue de nous dévisager d’un air méfiant et je le comprends aisément puisque de son rituel à lui ne résulte aucun gaspillage. Je ne suis toujours pas convaincu du bien-fondé de ce rituel, je m’en accommode parce que cela amuse mon adjointe et que cet enthousiasme ne l’empêche pas d’être extrêmement performante au travail.
L’auteure
Cette dernière transaction, Philippe MY espère la conclure avant son départ en vacances. Depuis quelques jours, il essaie de boucler ses ultimes dossiers afin d’avoir l’esprit libre pour les trois semaines de congé avec sa famille.
Avant de se rendre à l’agence immobilière ce matin, il finalise sa négociation du camping-car pour l’achat duquel il a délesté une partie de son épargne. C’est un investissement auquel sa femme et lui réfléchissent depuis deux ans et par un coup de chance, l’annonce de cette vente ne leur est pas passée sous le nez. Après la signature ce matin, Philippe MY a récupéré les clefs et parqué dans l’allée de sa maison, l’objet de son désir qui va leur faciliter la vie durant les mois d’été. Avec les trois enfants, sa femme, ils projettent dans une petite semaine de prendre la direction du sud de la France, à bord de leur camping-car, et de s’initier à la vie de bohème.
En attendant cette nouvelle aventure familiale, Philippe MY se concentre sur la vente à venir. Sa cliente a confirmé leur rendez-vous, la veille au soir, dans un peu moins d’une heure, il passera la récupérer à la gare du Havre pour effectuer les visites des trois appartements. Il espère un coup de cœur, peut-être pour les deux plus petits, parce qu’ils répondent aux critères d’investissement de la cliente et qu’ils sont bien situés. S’il advient que le vent souffle en sa faveur aujourd’hui, ses vacances seront alors plutôt festives.
Arrivé à son travail, il passe en revue dans un premier temps avec son chef, le programme de la journée. Une petite séance quotidienne de trente minutes qui leur permet de faire le point sur les affaires de la veille et de déterminer les objectifs du jour. À la suite de cela, il saisit son téléphone pour régler la dernière formalité, avant l’arrivée de sa cliente.
– Allô ! Monsieur MY, vous êtes bien matinal, lui lance Francis, un peu plus souriant qu’à l’habitude.
– Bonjour monsieur Grossou, c’est vrai que je téléphone tôt, mais j’ai une nouvelle qui devrait vous réjouir.
– Allez-y…
– J’ai reçu l’appel d’une cliente qui serait potentiellement intéressée par vos biens.
– Les trois ?
– Non deux. Mais puisqu’elle est encore indécise quant à la superficie de ce qu’elle recherche, je me dis qu’il ne serait pas vain de tous les lui montrer. Elle arrive dans moins d’une heure au Havre, je vais la récupérer à la gare.
– La bonne nouvelle est où monsieur MY ? Ce n’est qu’une visite… et des visites, nous en avons eu, et il y en aura encore certainement d’autres.
– C’est juste… mais je le sens bien… je me lance un peu trop vite… toujours est-il que je voudrais récupérer la clef du troisième lot, car celle-là n’est pas en ma possession.
– D’accord, mais je ne l’ai pas sur moi, à la maison, il n’y a personne bien entendu. Ce que je vous propose, c’est de vous les apporter à la pause déjeuner, si vous êtes encore en visite… oui, mais vous devriez y être… donc, à midi, je vous appelle pour prendre votre position et je vous rejoins après, avec la clef.
– D’accord, c’est très gentil à vous…
– Bien… à plus tard monsieur MY.
Francis repose le portable sur la table et se dit qu’il aurait vraiment préféré se passer de ce désagrément supplémentaire. D’ordinaire, son heure de déjeuner ressemble davantage à une course contre la montre qu’à une véritable pause, il se démène pour faire aussi vite que possible, sans jamais avoir l’impression de s’être reposé. Cette contrainte superflue qu’il doit ajouter implique qu’il n’aura pas le temps de manger à son restaurant habituel situé à deux pas de son bureau. Le patron du lieu nomme Francis "Le pressé". Ce client qui déboule toujours en toute hâte, demande une table instamment, ne touche pas la carte des menus et avale à toute allure son repas. Toujours le plat du jour, commandé sans entrée, sans dessert, avec un café. La composition du plat lui importe peu ; pourvu que "Le pressé" mange, et que son besoin primaire de se remplir soit satisfait. Le plaisir du goût n’existe pas et le menu du jour en général sans surprise convient en tous points à le combler, du moment où il s’envoie prestement. La plupart du temps, Francis avale son repas sans se laisser distraire. Son téléphone est dans sa poche, en mode vibreur. Sa fréquentation du lieu n’a pas fait naître entre lui et le patron, une amitié assez profonde, pour les emmener à dialoguer longuement. Tous deux se cantonnent aux protocoles sommaires de prise de contact, ce qui permet à Francis de se recentrer dans sa tête durant ces quarante-cinq minutes de pause.
Pour rendre service au promoteur, Francis se contente d’un sandwich qu’il achète dans la boulangerie à côté de son domicile. C’est la seule située en retrait du centre-ville et qui n’est pas bondée d’étudiants pressés de retourner à leurs cours à la faculté. Bien qu’il soit conscient que la visite des lieux est un préalable à toute vente immobilière, ce détour qu’il doit opérer pour prendre la clef l’agace. En venant au bureau ce matin, il n’avait pas programmé d’avoir à gérer ça, et les imprévus, tout comme les surprises font partie des choses qu’il déteste, franchement. Il préfère avoir l’esprit tranquille, savoir de quoi sera composée sa journée et tout planifier. Le stress de son poste de directeur financier est oppressant, le chaos dans sa vie actuelle s’y est greffé, alors pour les surprises, Francis penche pour les tenir éloignées. Les facteurs nouveaux qui ne peuvent pas être sous contrôle l’effraient bien assez pour qu’il tente, le plus souvent que possible, de tout contenir. Sans cela, il craint de ne pas s’en sortir.
Et puis, le ton enjoué de ce promoteur trop optimiste face à une simple visite contribue à le mettre sur les nerfs. L’agacement s’accroît lorsqu’il se gare devant l’immeuble et n’aperçoit pas la voiture de l’intéressé. Il entre dans l’immeuble, n’appelle pas l’ascenseur, grimpe les deux étages à grandes enjambées et constate que la porte de l’appartement est entrouverte. À ses yeux, c’est un manque de prudence dont il ne fera pas part au promoteur. Il trouve Philippe MY dans la pièce principale, en pleine discussion avec la cliente. À les voir, il a le sentiment de déranger. Mais pour l’heure, il est toujours chez lui, alors il les interrompt par un toussotement.
Philippe MY se retourne et avance dans sa direction. Il le salue avec un large sourire et fait les présentations.
– Madame Wax est là pour la visite… c’est bien que vous puissiez la voir, je suis en train de répondre à ses questions sur la possibilité de réaliser quelques travaux… et bien sûr, après, nous irons sur les deux autres sites.
– Je suis venu vous apporter les clefs, rétorque Francis sans s’arrêter sur les propos du promoteur.
Clarisse Wax se lève par politesse, parce qu’elle a le sens des convenances et que spontanément, elle entend aller saluer le propriétaire.
– Bonjour monsieur dit Clarisse en serrant une main moite, peu ferme et frêle.
– Bonjour madame Wax, répond Francis, un peu hésitant, pressant cette autre main, qui à contrario se veut résolue et assurée.
– Comment se passe la visite ? demande Francis au promoteur qui s’est mis en retrait.
– Bien, bien, madame Wax est assez intéressée par notre bien, nous étions en train de discuter comme je viens de le dire, des éventuels aménagements et aussi du prix. Je crois que madame Wax voudrait aller visiter les autres appartements avant de se prononcer.
Il finit sa phrase en regardant Clarisse. Elle comprend bien qu’elle doit répondre, mais elle n’en a pas très envie. Elle se contente de les dévisager, préfère les laisser converser sans elle. Philippe MY sent s’installer une certaine gêne. Il connaît son bourru de client-propriétaire, et sait qu’aucun effort ne sera fait de sa part pour dissiper cette pesante atmosphère. S’il avait eu cette clef en sa possession, il n’aurait à l’évidence pas présenté la cliente à cet homme avant la fin de la négociation.
– Et bien, j’ai été enchanté, madame, monsieur MY me tiendra au courant pour la suite, j’espère que les visites vont bien se poursuivre et qu’on aura l’occasion de se revoir.
Philipe MY écarquille les yeux et regarde son client, il est éberlué. Pour quelle raison vient-il de dire cela ?
Francis lui-même s’étonne. Habituellement, il ne sait se montrer que froid et distant, les exceptions sont rares. Alors il se demande d’où provient cette cordialité dont il s’affuble sans bien le vouloir. Il flaire le regard du promoteur sur lui, sa gêne devient palpable, son esprit se met à titiller son corps et son visage s’avive. Il décide de déguerpir.
– Je retourne au travail, je vous laisse poursuivre, lance-t-il rapidement.
– D’accord monsieur, répond Philippe MY, vous ne m’avez pas encore remis la clef de l’autre bien.
Francis fouille dans ses poches, sort l’objet et balbutie un au revoir si vite dit que personne ne l’entend et n’y répond.
Philipe MY achève cette première visite avec sa cliente. Il s’empare de ses fiches et annonce qu’ils peuvent poursuivre vers les autres biens. Clarisse prend son sac à main laissé sur le rebord de la cheminée et le suit.
Clarisse sait qu’elle reviendra dans ce lieu. Cette sublime cheminée qui l’a conquise n’est plus fonctionnelle, mais elle contribue à donner un certain charme à l’appartement. Si elle est restée aussi longuement entre ces murs, c’est pour laisser à son esprit, le temps nécessaire à l’allumage des jauges de son ressenti. Elle aime se fier à ses intuitions, et ses impressions, même si elles peuvent l’embarquer impétueusement à bord de navires mal amarrés, constituent son rempart. La fougue fait partie intégrante de son être. Malgré tout.
Les deux autres appartements ne l’intéressent pas. De ce fait, la satisfaction de Philippe MY est en demi-teinte. Ses honoraires combinés sur la vente des deux studios lui auraient concédé un gain plus conséquent, et ce sont ces transactions qu’il espérait voir aboutir. Mais une seule vente n’est déjà pas si mal. Pourvu qu’elle se conclue, et que ses vacances soient paisibles.