Premier Chapitre
PrologueTreize mois plus tôt dans la jungle Colombienne de Putumayo
Ils débarquèrent de l’hélicoptère en file indienne, pour une opération d’envergure : détruire un important laboratoire de cocaïne et arrêter la dizaine de narcotrafiquants en charge de le faire fonctionner. En plus de la position et de l’estimation d’une quantité non négligeable de drogue, des renseignements, émanant directement de la CIA, leur avaient assuré la présence d’Alvaro Mendoza, un des principaux cadres du cartel d’El Diablo .
Jaxson Grant, agent spécial de la DEA et deux de ses hommes, Matthew Connor et Paul Lewis, accompagnaient un groupe de soldats d’élites colombiens spécialisés dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le directeur de la DEA s’était déplacé en personne pour motiver ses troupes, et selon lui cette fois, ce ne serait pas pour mettre un coup d’épée dans l’eau ! Il n’admettrait pas l’échec et espérait déstabiliser l’organisation avec une importante saisie, et l’arrestation d’un des hommes les plus recherchés du pays.
Les risques existaient, bien sûr, toujours… Dans ce genre de mission, la surprise et la rapidité d’exécution s’avéraient primordiales. Agir vite, pour atteindre l’objectif sans se faire repérer, et éviter autant que possible les populations. Ils ne savaient jamais à qui ils avaient affaire, et le moindre individu croisé pouvait potentiellement représenter un danger.
Le groupe évoluait en petite foulée, toujours avec un chien en pole position pour détecter les mines. Aux aguets, ils traversèrent un champ de coca qui leur offrit le camouflage idéal. L’équipement pesait sur leurs épaules et la moiteur tropicale accentuait la difficulté de leurs déplacements. Ils atteignaient la lisière lorsque des rafales résonnèrent. Déconcertés, ils s’immobilisèrent instantanément, et par réflexe, se jetèrent au sol, arme aux poings. Impossible de déterminer l’origine des tirs, ni le nombre d’assaillants. Jaxson, empreint d’une méfiance inaccoutumée, rampa jusqu’au capitaine Gomez. Quelque chose d’anormal se jouait, un mauvais pressentiment gagna sa conscience avec la vivacité d’une étincelle, comme si les narcos connaissaient précisément leur position, alors que la riposte, compromise par leur manque de visibilité se trouvait vaine.
— Gomez ! Cria-t-il en se rapprochant. Putain, mais qu’est-ce qui se passe ?
— À toi de me l’dire… Bordel de merde ! On dirait bien que nous avons un comité d’accueil.
Il essuya la sueur sur son front d’un revers de manche, avant de jeter des œillades désemparées aux alentours, à la recherche d’un repli.
— Appelle la base, vite !
Le regard affolé que lui lança Gomez ne fit qu’accroître son inquiétude. Il tenait sa tête casquée au plus près de ses épaules en s’égosillant dans le récepteur :
— Un combat vient de s’engager. Je répète. On est en combat. (Puis en hurlant.) Passez-moi le colonel ! Oui c’est urgent. C’est urgent j’vous dis ! Il nous faut du renfort dépêchez-vous !
Sans précision, les hommes ripostaient à l’oreille. La fusillade ne dura qu’une dizaine de minutes, durant lesquelles chacun éprouva sa force de feu. Dix minutes interminables, chargées d’angoisse et de doute avant que le silence ne tombe de nouveau.
— Sortez de ce trou. Ordonna Gomez à ses hommes, en joignant le geste à la parole.
À l’aveugle, en terrain inconnu, ils se mirent à ramper au milieu des hautes herbes, avec en fond, le bruit de leurs respirations haletantes et de leurs corps en progression lente dans les fourrés. La tension et la vigilance s’exprimaient sur chaque visage, comme un masque uniforme de traits figés. À quelques mètres se dessinait un léger vallon broussailleux et partiellement arboré, ils redoublèrent d’efforts pour l’atteindre. Même s’il offrait un repli précaire, il était le seul atteignable sans trop se découvrir. Matthew qui tenait les jumelles vissées sur ses yeux sonna l’alerte.
— C’est pas bon, Jaxs, c’est pas bon du tout, brailla-t-il en accélérant le rythme de sa phrase. Regarde, j’en compte huit là-bas derrière les arbres.
Jaxson scruta avec empressement la direction indiquée avant d’ordonner d’apporter la mitrailleuse en première ligne. Il savait que les narcos manœuvraient rapidement, en petits groupes mobiles, invisibles, sauf à de rares moments comme en cet instant. Il ne fallait donc pas traîner. Pendant que le capitaine Gomez continuait de demander des renforts aériens, en ne cessant de répéter : « Combat engagé, je répète… Combat engagé… Urgent ! Urgent ! » Tour à tour, les bruits secs de balles épars croisèrent ceux plus graves et plus constants de la mitrailleuse.
La plupart des hommes s’abritaient derrière le talus pendant que d’autres, plus dispersés se masquaient derrière les troncs d’arbres, ne se dévoilant que pour pointer leurs armes sur leurs adversaires. Lorsque l’avion tant attendu, arrosa la zone ennemie, ils n’eurent pas le loisir d’espérer trop longtemps, car au même instant, la radio appela pour annoncer qu’il était impossible d’envoyer des renforts au sol. Le groupe dépêché pour leur prêter main-forte essuyait lui aussi une attaque.
Jaxson encaissa la nouvelle avec affolement et ressentiment. « Qu’est-ce que c’est que ce bordel ! Cet endroit grouille de narcos armés jusqu’aux dents. Comme s’ils étaient attendus de pied ferme. Comment allaient-ils faire pour s’en sortir seuls…Merde merde merde ! » La rage au ventre et l’esprit alerte, il respirait bruyamment tout en cherchant une solution pour sortir ses hommes de ce guet-apens. Leur seule chance, était de résister. Tenir le plus longtemps possible en attendant les hélicoptères pour l’extraction. Paul vociférait :
— Je le sens mal… Je le sens pas, putain !
Matthew en panique, criait :
— De plus en plus d’ennemis arrivent. Ils sont en train de nous encercler, putain ! Y’en a partout… Derrière nous !
Le groupe se scinda, Jaxson envoya un bref coup d’œil à Matthew, son ami de toujours, ils échangèrent un regard fatidique mêlé de désespoir. À plusieurs reprises les appareils tentèrent de se poser en vain, les trafiquants les gardaient sous un feu constant rendant tout sauvetage irréalisable.
Jaxson fulminait, une rancœur indescriptible et tellement puissante l’engloutissait, il ne pouvait se départir d’un sentiment amer de trahison, sans comprendre à quel moment il s’était fourvoyé.
— Ces fils de pute sont sur nous ! Gomez par ici, hurla-t-il entre deux tirs.
Le capitaine continuait de s’égosiller dans la radio tandis que les balles fusaient de partout en se rapprochant dangereusement de leurs cibles.
— Ils nous assaillent, ils nous assaillent ! Putain, vous êtes où ? La situation est critique, on n’a nulle part où se couvrir ! Ils se rapprochent de tous les côtés…Putain, ils sont à cent mètres, s’époumona-t-il avec le désespoir d’un condamné.
— Capitaine ? Capitaine ? Ils arrivent par-derrière, ils entrent dans les broussailles !
Les cris de douleurs se mêlèrent aux cris de victoires. Piégés en véritable zone de guerre ! L’affolement, les bruits sourds de corps qui chutent et des narcos partout, ils étaient faits comme des rats ! Au milieu de la panique, Jaxson se retourna, une balle lui frôla le visage alors que le capitaine Gomez gisait à ses côtés, les yeux exorbités, un trou en plein front. Cette vision d’horreur multiplia par mille la hargne qu’il éprouvait déjà.
Déchaîné, perdu, il bondit sur l’avant et tira sauvagement en arc de cercle, de manière totalement anarchique. Il ne contrôlait plus rien, ils allaient tous crever ici. Il ne sentit pas ses blessures, du moins, pas immédiatement, seulement l’impact. Il entendit des hurlements, il entendit son nom, puis plus rien, une grenade venait d’exploser en contrebas. Le souffle projeta son corps de quelques mètres, et sa tempe heurta violemment une roche. Étendu sur le dos, les yeux rivés sur le ciel éclairé d’un bleu intense, il se trouvait incapable du moindre mouvement, totalement sonné, avec un sifflement strident qui lui emplissait les oreilles.
Une humidité chaude se répandait sur son torse et sur sa jambe. Ses yeux basculèrent au ras du sol. À travers les herbes, il discerna des baskets boueuses et des bottes, il perçut quelques éclats de voix par saccade. Il essaya de bouger, impossible. Il tenta d’articuler quelque chose, en vain. Son corps se déconnecta de son cerveau, puis les ténèbres.
1
Après onze heures de vol depuis Paris, l’avion venait de se poser sur le tarmac de l’aéroport de Barrancabermeja en Colombie. Alice jeta un œil dans le hublot, rien d’intéressant n’accrocha son regard. Elle s’étira le dos en tortillant son bassin de droite à gauche. Il lui tardait de se sortir de ce siège et surtout il lui tardait de revoir son frère. Thomas vivait ici depuis un an, une séparation difficile à supporter, étant donné la relation fusionnelle qu’ils entretenaient. En attendant ses bagages près du tapis roulant, elle ralluma son portable pour consulter ses messages avec excitation. Les signaux sonores ne tardèrent pas à tinter les uns derrière les autres, mais seul celui de Thomas retint son attention. « Hello p’tite gosse je t’attends derrière la porte des arrivées. Hâte de te serrer dans mes bras » Suivi d’un lot d’émoticônes souriants, dansants, et d’un triple cœur. Sa bonne humeur monta encore d’un cran et le sourire qu’elle avait déjà s’étira jusqu’aux oreilles.
Elle venait de terminer ses études de médecine, et, tout comme Thomas, au grand désespoir de ses parents, elle n’avait pas choisi de devenir chirurgien. Le côté charcutage sanguinaire sans réelle relation avec le patient ne l’attirait absolument pas. Pour un directeur de clinique privée et un chirurgien cardiaque de renom, la pilule avait eu du mal à passer, surtout en ce qui concernait Thomas ! La déception qu’ils avaient éprouvée s’était d’abord traduite comme une honte suprême, puis avec le temps, comme une résignation passive, pour finir par une indifférence blessante. De toute façon ils n’avaient jamais été très proches ! Confiés dès leur plus jeune âge à la garde de jeunes filles au pair, ils ne voyaient leurs parents qu’en de rares occasions et souvent pour assister à d’ennuyeux dîners mondains. Les nombreux déracinements de la famille, Lyon, Barcelone, Malte, Nice, avaient certainement contribué à ce que la fratrie se construise en osmose. Un lien extrêmement fort unissait Alice à Thomas.
Il était l’aîné et elle le considérait comme un frère tellement plus grand, qu’elle avait parfois du mal à se dire qu’un an seulement les séparait. Il incarnait le garçon responsable, sérieux et posé, et elle, tout le contraire. Toujours présent, attentif au moindre de ses désirs comme de ses problèmes, prêt à lui pardonner ses caprices et ses erreurs. Toujours là pour la consoler et la remettre sur la bonne voie, lorsque parfois, elle s’égarait. Il la couvait d’affection, avec ce don si particulier de la ramener en douceur à la réalité ; oui, parce qu’à vingt-huit ans, l’insouciance de son adolescence ne l’avait pas quittée. Un paradoxe, compte tenu de son choix professionnel ; heureusement, elle savait parfaitement faire disparaître son côté femme-enfant lorsqu’elle exerçait. Mais sa vraie nature reprenait le pouvoir, aussitôt ses obligations terminées.
Dans sa vie privée, elle fuyait autant que possible toutes formes de contraintes et se déchargeait volontiers sur les autres, et notamment sur Thomas. Elle préférait se laisser guider surtout quand cela la dispensait de subir une réalité qu’elle jugeait ennuyante. Un contre-courant générationnel, elle en avait conscience, car la tendance était plutôt au féminisme exacerbé. Être une femme libre et indépendante et se défaire de la suprématie masculine ? Oui elle adhérait à cent pour cent, sur le papier… Mais en vérité, elle trouvait bien commode de se reposer sur un homme, du moment qu’elle le choisissait. C’était peut-être à cause de cela, que ses tentatives pour se « caser », avaient toutes échoué. Elle ne se sentait pas en phase avec les garçons de son époque ! Elle en avait tristement conscience, jamais elle ne trouverait un homme comme Thomas. Jamais aucun ne lui était arrivé à la cheville. Dans ses relations, elle finissait toujours par se lasser la première. Son record absolu : Deux ans avec Cédric ! Elle venait de le quitter avec un soulagement libérateur, juste avant qu’elle ne s’envole pour la Colombie. Pourtant, et pour la première fois, elle s’était efforcée de faire son possible pour que ça marche, brimant et refoulant sa nature première. Mais les efforts n’étaient jamais suffisants, et les remarques toujours plus vindicatives. La projection d’un futur commun lui apparaissait avec frayeur, pareille à ces vieux couples aigris, qui ne savent plus s’adresser la parole sans s’écharper. L’imminence de son départ avait précipité sa décision. Non, leur relation ne survivrait pas à la distance, non il ne prendrait pas de billet pour venir la rejoindre. Leur chemin s’arrêtait là.
Elle allait pouvoir jouir de cette expérience d’aide humanitaire l’esprit libre, sans devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Rejoindre Thomas et l’épauler dans sa mission au cœur d’une association de quartier revêtaient pour elle une saveur particulière, l’aboutissement de toutes ses années d’études, la liberté, et le réconfort inconditionnel de son frère. Il lui avait tant manqué ! Toute une année sans le voir, c’était beaucoup trop. Même s’ils avaient échangé par Skype à de nombreuses reprises, rien ne valait une présence physique. Thomas offrait ses services de pédiatre et à ce qu’il lui avait dit, ils ne seraient pas trop de deux.
La Colombie venait tout juste de sortir de cinquante années de division politique et de guérilla. Les fortes inégalités s’accentuaient et le pays déchiré par des luttes internes voyait ses populations les plus faibles délaissées. Le dispensaire se situait à trois cents kilomètres au nord de Bogota, au cœur du bidonville Arenal, crée il y avait de cela deux ans, par un homme originaire du barrio , l’association, en plus d’offrir des soins de premières nécessités exerçait un rôle social primordial, dont les enfants constituaient la priorité absolue. La tâche s’avérait compliquée, et la progression aussi facile que de marcher sur des œufs. Thomas l’avait suffisamment « briefée », il fallait aider les familles sans pour autant faire de l’ingérence, et s’adapter à la réalité économique du terrain.
La générosité et l’optimisme faisaient partie intégrante de la personnalité d’Alice, et avec une joie presque naïve, elle espérait pouvoir faire changer les choses, apporter sa pierre à l’édifice. Se rendre utile lui donnait des ailes et une énergie nouvelle. Sa philosophie : Du bon existait en chaque être humain, il fallait seulement vouloir le trouver !
Malgré une autorisation spéciale lui donnant le droit de voyager avec une valise médicale, elle subit un contrôle douanier poussé, lui occasionnant une sacrée perte de temps. Son impatience grandissait à mesure que la distance entre elle et son frère se réduisait. Dans un espagnol parfait, elle ne manqua pas de les remercier ironiquement lorsqu’ils la libérèrent.
Avec empressement, elle remplia tant bien que mal ses valises dans le chariot, elle le poussa au-devant des portes automatiques totalement opaques, devant l’ultime rempart qui la séparait de Thomas. À l’ouverture, elle marqua un temps d’arrêt. Le temps de scanner méthodiquement chaque visage de cette foule amassée. De grands bras battirent les airs et attirèrent son attention, elle loupa quelques têtes pour venir se fixer sur les mouvements.
Thomas sautillait et lui indiquait de se diriger sur la droite. Le ravissement de son sourire lui réchauffa le cœur. Elle se précipita à sa rencontre, ils s’étreignirent affectueusement, autant que nécessaire pour combler un an d’absence physique.
— Bienvenue en Colombie, p’tite gosse ! Je suis tellement content que tu sois là, même si ça me fait trop bizarre de t’voir ici.
Il se recula pour mieux l’observer, elle en profita pour faire de même. Élégamment vêtu, chemise en lin couleur ciel, pantalon en toile beige et mocassins assortis, il dégageait une aisance qu’elle lui enviait presque. Son teint s’était doté d’une belle couleur halée et faisait ressortir ses yeux noisette.
— Moi aussi, je suis trop, trop contente frérot. Tu m’as tellement manqué !
Elle se hissa sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue et glissa une main autour de sa taille pour le maintenir contre elle. Humer son odeur si familière lui procura un sentiment immédiat de sécurité.
— Tu as fait bon voyage ?
— Oui ça peut aller… J’me répète, mais si tu savais comme je suis contente d’être ici, tu ne peux même pas t’imaginer. Et toi tu es…Tu es resplendissant Docteur Vernay ! Les Colombiennes doivent toutes craquer pour toi, j’en suis sûre !
— Ah… Ne commence pas, tu veux ! Les règles n’ont pas changé. Il est interdit de te mêler de ma vie sentimentale, Docteur Vernay ! Et oui, moi aussi maintenant je peux officiellement t’appeler comme ça.
Elle rit en lui emboîtant le pas alors qu’il poussait galamment son chariot.
— C’est vrai ! confirma-t-elle. Nous sommes les docteurs Vernay et Vernay ! Ça sonne classe non ? On pourra même ouvrir notre propre cabinet plus tard. Qu’est-ce que t’en dit ?
— Génial ! s’exclama-t-il en levant les yeux au ciel. Je vais déjà essayer de te supporter au boulot pendant toute une année, après on verra. Allez, viens, Sébastian nous attend, et prépare-toi, la chaleur est étouffante.
Même si elle savait à quoi s’attendre, lorsqu’elle se retrouva dehors, la surprise de la moiteur tiède bloqua sa poitrine une seconde. Elle marqua une pause pour respirer doucement et prendre le temps de s’habituer. Au même moment, un 4x4 noir se gara devant eux, un homme d’une cinquantaine d’années, le visage rondouillard respirant la jovialité en descendit.
— Alice, je te présente, Sébastian. Le directeur de la fondation La Casa de Todos.
Elle serra la main qu’il lui tendit avec vigueur. Il portait une casquette avec le drapeau colombien imprimé sur le devant et des lunettes de soleil noires très stylées qu’il venait de relever pour la saluer. Alice n’aurait su l’expliquer, mais il lui plut immédiatement.
— Bienvenue en Colombie Señorita ! s’exclama-t-il gaiement.
— Merci.
— Je suis enchantée que vous ayez décidé de rejoindre votre frère. Et je vous remercie du fond du cœur pour votre aide. Thomas a déjà fait tellement pour nous cette année que je n’ose imaginer ce que ça peut donner avec un deuxième Vernay !
— Eh bien j’espère que vous ne serez pas déçu, rebondit-elle sur le fil, parce que nous sommes totalement différents.
Il afficha un air sceptique en serrant ses lèvres puis gonfla ses joues à la manière d’un hamster, avant d’ajouter :
— Pourtant, c’est dingue ce que vous lui ressemblez… Enfin, j’veux dire physiquement… Et heu… En beaucoup plus jolie bien sûr !
Il termina en lui adressant un clin d’œil appuyé, Thomas, usant d’un ton faussement réprimant, lui assena une petite claque dans le dos.
— Dis donc Sébastian ne commence pas à jouer les séducteurs avec ma sœur !
Alice s’interposa en riant.
— Merci Sébastian. Moi aussi je suis ravie de faire votre connaissance et je suis ravie de pouvoir vous apporter mon aide. Mais appelez-moi Alice je vous en prie.
— Certainement.
Il battit des paupières. Ses yeux noirs, légèrement bridés accentuaient la gaieté qui émanait naturellement de son visage.
— Tu vois, elle m’adore déjà ! signala-t-il à Thomas. Alice ? On peut peut-être se tutoyer non ?
— Bien sûr oui, je préfère aussi.
Sur la route, musiques latines en fond sonore, elle agrémenta largement la conversation, en posant une multitude de questions avec grand intérêt. Elle voulait tout connaître des coutumes locales, de l’architecture et de la gastronomie avec une urgence impatiente. Emmagasiner un maximum d’informations en un minimum de temps. Sébastian lui répondait avec enthousiasme, en montrant de-ci de-là, des bâtiments, des autochtones, des échoppes.