Premier Chapitre
- I -Un beau jour commence souvent par un détail presqu’imperceptible qui pourtant modifie considérablement l’humeur. C’est ce que ressentit Aline, ce matin-là. Son agenda s’allégeait, elle se sentait en roue libre, sans contrainte. Juillet s’étirait sous un soleil intense. Ce n’était pas sa période préférée, trop propice à muer son quotidien en un vide oppressant. Ces prochaines journées la condamnaient à l’oisiveté avant son départ pour le Pays basque. Même son téléphone ne crépitait plus sous une rafale d’alertes. Paris s’était mis en veille. Elle attendrait dix-huit heures pour dîner avec Boris, un de ces instants de grâce à picorer comme autant de plaisirs qui la mettaient en bouche. De plus en plus, il privilégiait les dîners intimes chez lui, plutôt qu’aux restaurants confus de monde et de bousculade. La perspective de leur rencontre la régénéra en se concentrant sur ce tête-à-tête à venir. L’univers de Boris Auberger s’était ouvert à elle, comme un lieu sacré où elle avait trouvé l’Autre, celui qui la complétait dans une passion, tout entière partagée. La devinant en quête d’elle-même, il avait su conforter sa réalité dans un lien d’amour inaltérable. Depuis presque trois ans, durait leur liaison irrégulière. Une situation inconfortable dont elle s’était plainte parfois, mais il avait les mots pour la contraindre à ne pas demander plus qu’il ne lui donnerait. Comment savoir si une histoire commence vraiment sans craindre qu’elle ne s’achève déjà ? En peu de temps, elle était tombée amoureuse de Boris, sans se poser d’inutile question, elle l’avait décidé ainsi. « Aimer et jouer au théâtre se vivent sur le même mode : l’intermittence ! », déplorait-elle, tant la fragilité de leurs liens s’inscrivait dans l’éphémère. Elle se demandait souvent qui de la maîtresse ou de la comédienne il préférait en elle. Ambiguïté de deux personnages en quête d’un destin… Soit, elle serait les deux. Elle n’avait pas – encore – éprouvé la tentation de le quitter malgré les escapades qu’il s’offrait et qu’elle s’obligeait à occulter pour ne pas se faire mal. Il n’aimait pas qu’on se mêlât de ses affaires, quelles qu’elles fussent, elle l’avait compris très vite. Amoureuse, elle l’était, sans jalousie explosive ce qui facilitait leur relation, et la fièvre de son regard traduisait la profondeur de ses sentiments envers Boris qui n’y était pas insensible. Elle était prête à se battre pour qu’il l’acceptât dans son cénacle tout entier. Un vrai tour de force ! Elle espérait beaucoup, il ne promettait rien. Seul le théâtre valait pour son mentor en quête de textes impérieux à explorer pour mener les comédiens vers des chemins inattendus. Un travail puissant, puisé dans sa vocation des planches et celle de l’exploration du soi, exigeait des mois de travail, au plus près de la vérité, la sienne. Tel un sculpteur, il modelait à sa guise ces jeunes, tout juste sortis de leurs cours. Auberger, avec son besoin inné de séduire, leur insinuait la possibilité d’une aventure, au sens large et multiple du terme. Un jeu, parfois redoutable, lié à sa personnalité magnétique. Il dirigeait, avec tact et intelligence quand tout allait bien, sinon intransigeant jusqu’à la cruauté. Les directeurs de théâtre, parfois réticents quant à ses programmations ardues aux partitions inédites, se fiaient malgré tout à l’instinct de cet homme à part avec la certitude d’un rayonnement sur leurs scènes. Son exigence professionnelle agaçait, mais il parvenait à faire entendre ses choix jusqu’à bousculer les tabous qu’ils pouvaient générer.
Vers l’Île de la Cité, Aline se faufila à travers les rues effervescentes d’une population hétéroclite qui la menaient vers Boris. Elle ralentit et jeta un coup d’œil au bar de l’Odéon : aucun visage ami ne s’y dessinait. Les touristes occupaient l’espace dans la désertification de Paris. Heureuse, elle imaginait sa conversation avec Boris, autour du théâtre évidemment, avec pour thème récurrent : quel rôle lui attribuera-t-il, enfin ? Beaucoup la séduisaient, mais Boris ne semblait pas s’en rendre compte. Souvent, elle s’en était amusée, non sans amertume, tout en tentant adroitement de le persuader de la choisir. Pourquoi vivre avec un metteur en scène s’il ne lui accordait aucun rôle ? Il refusait qu’on dise qu’il mettait en scène telle pièce pour faire jouer sa maîtresse. Maîtresse ! Elle détestait ce mot et, si Boris était sans doute génial, elle le trouvait également ingrat ! Il prétendait qu’elle était jeune, que la gloire ne s’installe jamais au premier essai, et que se tromper serait pour l’un comme pour l’autre un échec néfaste à leur liaison. Il freinait son ambition impatiente, pas forcément le bon moteur, selon lui, car brûler les étapes ne la mènerait pas au succès. Prendre du temps et apprendre à attendre, lui suggérait-il. Chaque fois, il passait son doigt sur la moue boudeuse de la jeune femme, avec ce brin de sensualité qui rendait son regard brillant si captivant et auquel elle ne résistait pas. Des bruits couraient que le projet de Huis Clos était en gestation et qu’Auberger revisitait le texte. Des noms circulaient pour une éventuelle distribution, des comédiennes se faisaient plus présentes, plus pressantes, avides de graviter auprès du maître. Aline avait envie de se mettre sur les rangs, elle y réfléchissait depuis quelques temps. Ce soir, pourquoi pas ?
Déterminée, elle accéléra son pas. Elle sonna, trois coups comme toujours. Elle n’avait pas la clé de l’appartement de Boris, trop protecteur quant à ses intérêts privés. Il lui ouvrit, souriant et affable, le téléphone à l’oreille. Un signe de sa main précisa quelque chose comme « deux minutes et je suis à toi », avant qu’il se retranchât dans son bureau pour poursuivre sa discussion. À son retour, au salon, Amine était calée dans le canapé de cuir, les jambes repliées sous elle. Tandis qu’il s’approchait d’elle, elle déploya ses bras vers lui pour l’enserrer par le cou. Ils restèrent ainsi quelques instants à savourer un corps-à-corps qui généra en elle une puissance de conquête. Elle sentit la fermeté de ses mains se promener sur elle, leur progression lente et affirmée. Elle en savoura la moindre perception jusqu’à ce qu’il étreignît son épaule. Elle s’écarta et détailla ses traits marqués, sa peau pâle et les cernes qui éteignaient ses yeux ordinairement vifs. Sous l’effet de la lumière tamisée, sa fatigue, palpable, altérait son visage. Il tourna la tête pour échapper à son regard soutenu.
- Tiens, tu as allumé le chandelier ! Remarqua-t-il.
- Je l’aime tellement. Un jour je te le volerai.
- Je préfèrerais te le donner. Je l’utilise si peu ! Je considère qu’il est déjà à toi. Tu es la seule à l’allumer.
- J’aime ton appartement, je m’y sens… si bien ! Malgré la toute petite place que tu m’y accordes.
- Non, répondit-il d’une voix sourde mais appuyée. Tu es ici comme chez toi…
- Mais pas chez moi !
Il ricana et qualifia son caprice de puéril. Ce type de réflexion l’agaçait, il se braquait, il était même capable de lui répondre qu’elle était libre d’elle-même et de ses propres choix, amoureux même, pourquoi pas ! Elle ne s’y risquerait pas. Son besoin de Boris ne pourrait se dissoudre dans d’autres bras, plus avenants, plus jeunes aussi, mais tellement moins aimants que les siens. Elle les connaissait par cœur et leur empreinte ne se dissoudrait pas de cette manière. Et puis les aventures sans lendemain n’étaient pas l’antidote qui lui seyait. Après quelques futilités joviales et de bon aloi, doublés du plaisir de se retrouver, elle embraya la conversation sur « le » sujet. Il s’étonna qu’elle fût au courant, mais il la laissa poursuivre. Au terme de son monologue, il éclaircit sa voix et, d’une voix atone, il lui expliqua.
- Huis clos ! Vaste sujet qui, si j’en crois les rumeurs, vaut le coup de s’y intéresser à nouveau. Et toi, que rajoutes-tu aux polémiques qui débutent avant même que le spectacle ne soit annoncé ? Tu es pour ou contre, voire contre moi ?
- Mon avis t’intéresse tant ?
- Je suis attentif aux critiques, surtout si elles sont justifiées. Si tant est que toute critique soit bonne à entendre ! Bah, avec le temps…
Un brin d’ironie résonna derrière cette phrase. Son visage se referma et son regard s’évada dans le vague. Boris lui parut soucieux, sans doute la conséquence d’une année théâtrale éprouvante doublée d’une rentrée pour laquelle, déjà, il était attendu. Il vivait en permanence sous la pression des critiques, souvent bonnes d’ailleurs, mais depuis toutes ces longues années de travail assidu, elles le fatiguaient. Sentant le moment opportun, elle clama avec force son désir, son souhait, sa volonté, de trouver sa place dans sa prochaine création. Presqu’une incantation ! Elle bataillait pour affirmer son aptitude à endosser le costume – pas n’importe lequel ! – celui d’Inès. Ce rôle était pour elle ! À moins que ce ne fût elle qui l’était pour Inès. Voilà, elle l’avait fait ! Adossé au canapé, il renversa sa tête, ferma les yeux, y posa sa main et demeura silencieux. Tout d’un coup, elle se sentit maladroite. Jusqu’à présent, jamais elle n’était parvenue à le convaincre mais là, à cet instant, après ne lui avoir épargné aucun argument pour plaider en sa faveur, elle sentit vaciller ses certitudes. Il se leva, fit quelques pas, saisit la bouteille de champagne et remplit leurs coupes tout en la couvant d’un sourire énigmatique. En silence, la douceur des bulles coulait dans leur gorge, rien d’autre n’était nécessaire. Après quoi, il l’attira vers lui et, solennellement, il lui lança :
- Inès, ce sera toi !
Il s’écarta d’elle pour distinguer sa réaction. Au comble du bonheur, subjuguée, voire incrédule, elle était incapable du moindre cri de joie. Elle aurait voulu qu’il répétât sa phrase pour être sûre d’avoir bien entendu. L’écho dans sa tête y était trop confus !
- J’aurais parié que tu aurais préféré jouer Estelle, tellement plus mondaine et… aguichante ! Je me voyais déjà tergiverser férocement pour te convaincre du personnage d’Inès. Raté ! Tu m’as habilement devancé ! Tu ne seras qu’une modeste employée des postes, d’un âge affirmé, une horrible tueuse !
- Rôle de composition, rectifia-t-elle avec un sourire coquin.
- Et ça te plaît ?
- Au-delà de ce que tu pourrais imaginer !
Il ne la questionna pas sur son choix, de même qu’il ne lui expliqua pas les raisons du sien. La frustration d’Aline enfin se dérobait en cette annonce tellement espérée ! Elle vacilla, elle avait envie de se pincer, non elle ne rêvait pas ! Elle s’abandonna dans le confort des coussins et croisa les mains sur sa poitrine, affichant une mine réjouie.
- Moi en Inès ! Inès en moi ! Déjà je suis elle !
Sa candeur amusa Boris, il se mit à rire.
- Je ne sais pas si tu es elle. Mais ce rôle est pour toi. Reste à me le prouver !
Elle se redressa et avant de sombrer dans ses bras, elle resta bouche-bée avant de prononcer quelques platitudes du style « Je suis tellement heureuse… Je serai impeccable, tu verras… Enfin, un rôle, un vrai ! Merci mon amour ! Sur l’affiche, Aline Bessac : Inès Serrano ! ». Cette perspective l’enivrait tellement qu’une énorme envie de rire monta en elle. Boris prenait son destin en main, son destin de comédienne ! Une énorme responsabilité reposait sur ses épaules de débutante, elle, la toute jeune pousse, l’inconnue galvanisée par le choix du maître, aux exigences duquel elle devrait répondre ! Elle ne pouvait rêver plus bel écrin que ce théâtre de l’Odéon qu’il aimait tant, pour y jouer le rôle qu’elle avait attendu patiemment ! Elle souffla un bon coup pour évacuer la pression qui la bousculait. Rien d’autre ne lui importait désormais, elle était Inès ! Elle avait envie de pleurer d’émotion, d’excitation surtout ! Il la recadra gentiment, il n’aimait pas l’explosion des sentiments. Minuit approchait, il allait lui appeler un taxi, elle s’en étonna, il ne réagit pas. Ce cadeau magistral supposait une suite logique que son corps réclamait. Pourtant, la nuit avec Boris n’aurait pas lieu. Elle ne plongerait pas dans les délices de ses draps et la volupté de ses bras, elle ne garderait pas le souvenir d’une nuit accomplie. Il partait le lendemain pour la clôture du festival d’Avignon, sa présence était attendue. Un sinistre « Ah ! » afflua à la bouche d’Aline. La discussion fut brève autant que sobre sans qu’il se justifiât. Jamais ! Qu’importe, elle avait besoin de le sentir encore, rien qu’un instant, auprès d’elle, contre elle. Elle n’aurait pas droit à plus et la séparation serait douloureuse. Comme chaque fois.
- Pays basque, avec ta mère, c’est pour bientôt ?
- Dans huit jours, pour trois semaines.
- Tu tiendras si longtemps ?
- Je peux revenir plus tôt si tu le souhaites.
- Surtout pas ! Tu risquerais de perdre tes repères et plus encore ceux de ta mère. Ah, l’habitude, une vraie tyrannie !
- Peut-être, mais je ne peux m’y dérober. Elle n’a que moi !
- Et toi tu n’as qu’elle !
- Heu… Non… Enfin, je ne le pense pas.
Contrariée, elle le regarda au fond des yeux. En retour elle reçut son sourire désarmant. Lui, fuyait le tumulte parisien, comme chaque été. Le silence lui était impératif pour se ressourcer et se reconnecter à lui-même, à la nature surtout. Nécessaire pour une rentrée bénéfique ! Ainsi justifiait-il ses envies bizarres, semblables à des fuites. Elle ne s’habituait pas mais elle se pliait à son mode de vie, atypique comme lui. Boris n’était pas un homme des foules ou du moins s’il les fréquentait, c’était expressément pour son travail. Le désert, le grand nord, comblaient son besoin de solitude dans des escapades lointaines aux clairs obscurs mystérieux. Aline se désolait d’être écartée de ses plans de voyage, sans la moindre possibilité de le situer au gré du mois d’août. Elle le traitait d’égoïste, il riait et avouait sans culpabilité que l’essentiel pour lui était d’avancer avec plus de sérénité. « Rechercher l’embellie autour de soi, conduit à révéler la vérité de l’âme humaine », affirmait-il avec l’assurance de celui qui explorait, dans les moindres détails, les péripéties de sa propre vie pour se caler sur celle des autres. Le reste, franchement, il s’en fichait. Pas Aline ! Une dernière halte avant la rentrée sur les hauteurs d’Étretat, où il avait acquis un pied-à-terre, face aux majestueuses falaises de la côte d’Albâtre et ses galets grisâtres, conclurait sa trêve estivale. Puisqu’elle l’y retrouvait parfois, elle tenta de l’amadouer pour l’y rejoindre, juste le week-end, le dernier avant que Paris ne les happe, il n’en fut rien. Son refus la soumit à une forme de torture qui la cloua sur place et sans voix. Le travail, toujours le travail. Les soirées avec Boris, aussi éblouissantes qu’elles pussent être, s’achevait selon ses règles. Il lui tendit le manuscrit, sa main trembla lorsqu’elle le saisit. Les choses sérieuses allaient s’amorcer, elle se mordit les lèvres, il la rassura d’une caresse sur sa joue.
- Prends-en soin. Dorénavant tu es Inès, qu’importe le reste !
- Le reste ?
- Tout ce qui n’a aucun rapport avec Inès, conclut-il. Imprègne-toi d’elle au plus profond de toi-même et surtout, sache ton texte !
- Je ferai de mon mieux.
- Cela me semble évident ! Ne reviens pas avec l’accent du sud-ouest ! Tu ne pourrais plus être Inès !
Il la déstabilisa d’un énorme éclat de rire. Il avait décidément toujours le dernier mot. Il saisit la veste d’Aline, la posa sur ses épaules. Le regard accroché à celui de Boris, elle hésita, elle avait envie de plus. Simplement, il l’embrassa tendrement, se ravisa et s’écria :
- Ah, j’allais oublier…
Il disparut dans son bureau et revint avec un paquet à la main. Joliment enrubanné, il portait le logo d’une maison de haute marque et renfermait une étole aux motifs colorés, la reproduction d’une œuvre d’art.
- Le climat du Pays basque est traître, je ne voudrais pas qu’il te saisisse à la gorge.
- Elle est magnifique ! Constata Aline en la déployant.
Au musée d’Orsay, Boris lui avait fait découvrir l’exposition « Le paysage mystique de Monet à Kandisky ». Son œuvre, « Étude de couleurs, carrés avec cercles concentriques » l’avait subjuguée. Boris, la croyant réfractaire à l’art abstrait, s’en était étonné. En fait, lui avait-elle expliqué, elle aimait ces couleurs qui, individuellement les unes des autres, constituaient une tempête tellement chaude qu’elle l’avait emballée tout de suite. Les coups de pinceaux vigoureux apportaient un caractère primitif au désordre artistique soumis à de multiples variations de contrastes, de lumière, de tonalités et tant d’ombres aussi. Elle reconnaissait là le choix de Boris, son attrait pour les ciels d’orage sombres et tourmentés, peut-être à son image. Il n’avait rien oublié de cette visite, elle s’en émut. Il entoura son cou de la précieuse œuvre de soie. La pression de ses mains sur le corps d’Aline la ramena à la raison de ses sentiments. « Désormais, tu es de toutes ces couleurs », murmura-t-il à son oreille. Il la prit dans ses bras, elle ressentit la folle envie de l’emprisonner contre elle, mais un frein obligé s’érigea de lui-même. Elle se dégagea de son étreinte et scruta son visage avec l’espoir qu’il devinât ses pensées enfouies. Pas pour le persuader qu’il devait la retenir mais simplement lui en donner l’envie, l’indispensable nécessité. En vain. Après quelques mots aimants, ils se séparèrent. Une fois de plus, elle avait livré sa faiblesse aux décisions de Boris. Elle se retourna avant qu’il ne fermât la porte de l’ascenseur derrière elle, un geste de la main en signe d’au-revoir, un baiser envolé, un regard appuyé. Jusqu’au bout, le son si particulier de la voix de Boris fit battre son cœur à tout rompre. Tout pouvait être dit en trois mots, son regard en complétait la brièveté, c’était peu, elle devait s’en contenter. Elle s’engouffra dans le taxi, partagée entre la joie d’être l’heureuse élue d’une pièce hors du commun et l’obligation de se plier aux exigences d’un homme, dont les facettes obscures de sa personnalité ambigüe lui échappaient. Mais le théâtre l’attendait, pour de bon, elle vibrait de cette attente, rien ne l’égalait. Inès, tout de même !